Écrit en 1837 par Honoré de Balzac, César Birotteau s'inscrit dans les "Scènes de la vie parisienne" de la Comédie Humaine. On suit l'histoire du personnage éponyme, jeune provincial débarqué à Paris où il devient commis dans une grande parfumerie rue Saint-Honoré : "La Reine des Roses". Il reprend plus tard les rênes de la boutique, son ascension est lancée...
César est un personnage avare, matérialiste et ambitieux. Il rêve d'intégrer la haute société et veille à se maintenir toujours en position dominante. Adjoint au maire du deuxième arrondissement de Paris, décoré de la Légion d'Honneur, il lorgne sur les terrains de la Madeleine afin d'agrandir son magasin : son succès dépasse déjà les frontières du pays !
Il s'entoure alors des meilleurs notaires de la ville mais aussi du grand chimiste Vauquelin pour la confection de ses produits de beauté : l'étonnante Pâte des Sultanes qui fait disparaître les taches de rousseur et blanchit l'épiderme ou l'Huile Céphalique, extrait de noisettes torréfiées accélérant la pousse des cheveux et retardant la calvitie.
Birotteau s'inspire de l'actualité et des mœurs pour concevoir ses cosmétiques, exportant ses découvertes à l'étranger. Il développe une publicité moderne, traduite en plusieurs langues.
Constance, sa femme, personnage positif de cette histoire, tente bien de freiner l'ambition débordante de son mari. En vain. Grisé par ses succès, il s'acharne et spécule sur les prix des terrains à la Madeleine... Ses économies fondent, il entre en conflit avec son notaire, sa banque se détourne de lui, c'est la chute...
Comme Zola dans Au Bonheur des Dames (1883), Balzac témoigne dans ce roman de la naissance du capitalisme moderne et des techniques de vente de l'époque. Des différences tout de même... Dans César Birotteau, "La Reine des Roses" n'est à aucun moment décrit. Balzac écrit au fil de l'eau en combinant passages narratifs et longues réflexions philosophiques, parfois difficiles à appréhender... Il n’accorde pas spécialement d’importance à la structure de son histoire, contrairement à d’autres romanciers du XIXe siècle, chez qui le contenu des chapitres était programmé avant l’écriture du récit. La lecture peut semble répétitive et fastidieuse par moments.
César Birotteau offre néanmoins, un superbe panorama du monde des affaires de Paris au XIXe siècle : un univers pour le moins hypocrite et égoïste où notaires, banquiers et créanciers sont toujours prêts à réaliser les plus grands profits possibles. D’ailleurs, l’auteur nous submerge des chiffres des recettes, des dettes et des crédits, pour caractériser le milieu de la finance. Dans un souci de réalisme, Balzac expose avec précision le fonctionnement de la mécanique capitaliste sans oublier d'évoquer les conséquences funestes pour les loups qui trouvent plus prédateurs qu'eux.
Balzac, réaliste et visionnaire